mardi, avril 11, 2006

Le souverain face à l’opinion publique au Bénin


Quel dommage d’avoir à se faire élire ?

Les gouvernements ont un juge infaillible : l’évènement
La volonté nationale de changement décidée dans le silence des urnes, à l’issue des élections présidentielles est bel et bien un éloquent exemple d’évènement qui oriente les décisions du Président Thomas Boni Yayi désigné dans l'arène politique "Aigle de Tchaourou".
N’étant l’homme d’aucun parti, ni d'aucun système, il se configure à son l’investiture à la magistrature suprême, le 6 avril dernier, l’homme d’un combat. Deux jours plus tard, l’Aigle de Tchaourou, apparaît comme l’homme d’une politique, en présentant à la nation son premier gouvernement. Aujourd’hui, il incarne l’homme d’une espérance, en fondant ses directives sur la volonté du changement.
Bien qu’à l’écoute du peuple, il est injuste de constater que l’opinion rivalise d’échos pour rappeler au souverain, le changement qui constitue la norme des dispositions politiques au Bénin. Alors, quel dommage d’avoir à se faire élire ?

Pourrait-il en être autrement ?
Non. Dès lors que le Chef de l’Etat s’est inscrit dans la logique du changement, il devient prudent dans ses mouvements:
- Evitant de récupérer les Chefs de parti en leur offrant un portefeuille ministériel, il valide son discours sur la qualité des hommes, la rigueur et le détachement en matière de gouvernance.
- Aussi, est-il réservé à l’égard de ses partisans en réduisant les risques d’asservissement de son gouvernement à des manipulations démagogiques et partisanes.
- Pour le choix de ses ministres, le premier magistrat du Bénin s’est donné des critères pouvant soutenir son aptitude à exercer aujourd’hui, demain et plus tard, la fonction d’arbitre entre les communautés et entre les partis. Il s’est employé à instruire ses services de renseignement, de vérifier la double compétences de manager et de leader de ses collaborateurs pour justifier leur vocation individuelle et collective à reconstruire le Bénin. L'enjeu, c'est d'offrir à ses citoyens une classe politique convenable et pourquoi pas nouvelle ?
En effet, l’Aigle de Tchaourou se distingue par sa vision de la gestion de la chose publique qui autorise le plus grand nombre à discerner son attachement aux convictions de démocratie et de croissance. A présent, les leaders politiques sont coupés des Béninois parce qu’ils n’apportent pas de réponses crédibles à leurs problèmes. On ne les croit pas capables d’en apporter. C’est justice d'envisager le renouvellement des acteurs animant la vie politique. A ce propos, l’irresponsabilité présidentielle ne sera plus tolérée. Les Béninois l’ont mal vécue pendant quarante six années successives comme une résignation, un mal gratuit pour maintenir la paix sociale. En observant l’impunité des élites indélicats enclin à la délinquance administrative, les Béninois désespèrent d’une gangrène avérée du service public.
Il faut avoir le courage de le reconnaître : les hommes politiques et leurs acolytes sont directement mis en cause. Il est question de corriger leur incapacité à agir sur la corruption qui renforce le chômage des jeunes, l’exode rural, la misère et l’insécurité.

De quel changement s’agit-il ?
Le peuple béninois à l’origine du changement est à la fois surinformé et manipulé, traditionaliste et rénovateur, sédentaire et aventurier, pauvre et riche, patriote et impatient. Le Président Boni Yayi plébiscité pour accomplir ce changement est soumis aux manifestations de l'évènement qu’il s’efforce à traduire et à rendre opérationnelle, suivant sa compréhension de la volonté nationale. Au risque de démériter, l’Aigle de Tchaourou ne peut se faire justice à lui-même, encore moins à ses partisans pour disposer d’un gouvernement de partisans. Quel dommage d’avoir à faire élire son candidat, sur la base d’un projet de société jugé à présent caduque au regard des exigences des Béninois ?
La responsabilité de l’Aigle à faire en sorte que les descendants de Bio Guéra, de Béhanzin et de Toffa vivent mieux, expriment, développent et accroisent leur attachement à la démocratie et à la réduction de la pauvreté mérite d’être compris de son entouirage. Pour participer à cet objectif de la vie quotidienne de l’Etat, il faut disposer de la double compétences de manager et de leader. Savoir agir pour rendre compte suivant les résultats c'est fonder à présent l’avenir en oeuvrant pour améliorer inéluctablement les conditions d’existence des populations.
Quelle que soit l’efficacité recherchée dans la mise en œuvre des activités du gouvernement, la responsabilité du Chef de l’Etat est unique. En se mettant en phase avec la volonté nationale, l’Aigle de Tchaourou fait-il échouer sa propre volonté. En restant indifférent aux débats sur sa victoire aux élections présidentielles, le souverain se hisse-il au dessus des intérêts partisans. En se libèrant de la gestion du quotidien, s’affirme-t-il brutalement à jouer le rôle de conciliateur entre le peuple et sa classe politique d’une part et celui de régulateur du fonctionnement des institutions de la République d’autre part. L’animation et la gestion du gouvernement, de l’assemblée nationale, de la Cour constitutionnelle, de la commission électorale et de la haute cour de justice est régie par la constitution dont il est le garant.
Au regard de ce qui précède, le lecteur pourrait tenter de compléter les critères d’identification et de sélection des ministres, conseillers et autres collaborateurs de l’actuel Président de la République du Bénin. Notons en passant qu'en s’efforçant à gérer sa victoire avec humilité, l’Aigle de Tchaourou innove déjà. Est-ce cela le changement
A suivre