mercredi, mars 29, 2006

Ca doit changer dans la continuité


Le DSRP à brûle-pourpoint

Aussitôt installé, le gouvernement attendu du Président Thomas Yayi Boni serait confronté à des dossiers brûlants dont le document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp) est assez complexe et urgent.

En effet, l’opérationnalisation du nouveau projet de Dsrp en attente de validation, requiert un effort de participation accru des communautés à la base. au regard de sa contribution à la réduction de la pauvreté, à la participation, à la responsabilisation et en vertu de son caractère d’outil global de planification. Le Dsrp est devenu un véritable projet d’organisation politique et économique. Or, si un tel projet n’est pas porté par des forces sociales importantes qui trouvent les solutions à leurs misères, il risque de demeurer une simple vision, sans portée pratique.

Brusquement, l’aigle de Tchaourou devra engager sans se préparer, la tâche d’étudier l’architecture sociale du Bénin et les conflits d’intérêts récurrents. Etant habitué à ce genre d'exercice à la Boad, ses services compétents pourraient identifier sous son éclairage, les forces sociales qui peuvent porter le projet et qui sont susceptibles de constituer la base politique nécessaire à la prise en charge de son développement. Car, le DSRP sert de référence pour l’articulation des efforts de réduction de la pauvreté. Elu au suffrage universel, le Président Thomas Yayi Boni gagnerait davantage à associer les communautés de nos villes et campagnes à l'opérationnalisation du projet
L’intérêt du DSRP tient de son innovation : le précédent système de l’aide internationale (PAS) contraignait les gouvernements en leur imposant des conditionnalités, en ne laissant que peu de latitude à la négociation. Le DSRP ouvre la voie à des initiatives politiques propres dans les pays concernés. Il s’agit de laisser au gouvernement le « siège du conducteur des politiques nationales ».

L’organisation du DSRP concernait l’administration publique et la motivation de son personnel pour son appropriation. Aujourd'hui, pas. La société civile s'est préparée à mieux jouer son rôle, à travers des regroupements généralement portés par les bailleurs de fonds. Il s'agira de disposer d'un grand nombre d'adhésion spontanée. Ce mouvement dépend du renforcement de la confiance mutuelle entre les bailleurs et le gouvernement et de sa construction entre ce dernier et les communautés.

Le DSRP est caractérisé au Bénin par une forte appropriation technocratique. Des actions en profondeur se réalisent pour une forte implication des populations, mais elles demeurent invisibles. Il a néanmoins une valeur potentielle qui n’est pas à négliger et pourrait, à moyen terme, apporter des améliorations sensibles dans la gestion de l’aide au développement et l’enracinement du processus démocratique. au cas où le personnel de l'Etat dispose des applications de gestion axée sur les résultats qu'il convient de vulgariser dans l'ensemble des structures du service public.

Le DSRP a bel et bien tous les ingrédients d’un nouveau modèle de l’aide au développement : il est basé sur les principes de l’appropriation, du partenariat, de l’orientation vers les résultats et de l’appréhension globale de la pauvreté. Il a été créé en réaction à des problèmes bien connus du système d’aide tels que la mauvaise coordination des bailleurs de fonds, l’imposition de politiques inadaptées et socialement inacceptables, la débauche de conditionnalités, etc. Il est conditionné par des améliorations, en matière de gouvernance, de participation, de gestion des finances publiques, de suivi et d’évaluation.

Le DSRP partage avec les Objectifs de développement du millénaire et le Millenium challenge account, le même idéal. Les objectifs de ces instruments étant convergents, il est évident que les efforts de leur mise en œuvre soient rationalisés et intégrés dans une démarche de planification nationale, susceptible d’être financé par les ressources tant intérieures qu’extérieures.

La Banque Mondiale, a méthodiquement assemblé des mesures pertinentes pour construire avec les pays en développement dont le Bénin, un idéal cohérent d’aide et de coopération multilatérale.

Faire avancer les instrument de coordination de l’aide
Les procédures budgétaires du Programme d’ajustement structurel et les difficultés de prise de décision des structures gouvernementales ont donné lieu à la mauvaise coordination de l’aide internationale et sa faible intégration aux politiques nationales. L’efficacité de l’aide est réduite, les coûts de transaction liés aux nombreuses négociations des gouvernements avec leurs organismes financiers sont excessifs. Ces mesures prennent du temps aux fonctionnaires qui sont détournés des tâches plus constructives relatives à l’analyse, la conception et la mise en œuvre de politiques nationales de développement. En outre, la prolifération de projets et des bailleurs de fonds augmente le risque de duplication et de conflit d’intérêt. Le besoin de coordonner les efforts des différents partenaires au développement est pertinent. « L’efficacité de l’aide passe par une meilleure coordination, grâce à la collaboration, à la réalisation d’activités conjointes et à la mise en commun des compétences et des ressources »
Le Système des Nations Unies (SNU) essaie de renforcer la cohérence des actions de ses agences au Bénin, en harmonisant les cycles d’intervention et en rationalisant ses procédures opérationnelles, à travers le Plan-Cadre des Nations Unies pour l’Assistance au Développement (UNDAF).

L’approche du DSRP est de nature à faire avancer les instruments de coordination de l’aide. Le DSRP et les priorités qu’il met en avant sont censés devenir la référence principale sur laquelle baser la conception des programmes d’assistance des Institutions de Bretton Woods mais aussi des autres bailleurs de fonds.
Le FMI et la Banque Mondiale ont une responsabilité particulière pour démontrer leur volonté d’améliorer leur coordination en rapport avec le DSRP, notamment à travers l’harmonisation des stratégies d’aide pays avec les DSRP, l’alignement des conditionnalités et des politiques soutenues par les différents instruments de prêts concessionnels (CSRP et FRPC) et par une meilleure coopération entre les deux agences au niveau des évaluations du DSRP. Ce qui se fait dans le cadre de l’appui budgétaire.
Les agences de coopération danoise et néerlandaise ont appuyé le regroupement de la société civile dans le processus, au niveau national, à travers une série d’ateliers préparatoires avec les associations professionnelles.
La coopération allemande a fourni des efforts de différentes façons : les regroupements départementaux impliquant la société civile locale, le renforcement de l’appareil statistique national, le développement d’indicateurs de suivi de la pauvreté, l’évaluation des capacités institutionnelles, le financement de missions d’assistance technique.
Le PNUD a fourni les données sur la pauvreté depuis 1990.
L'UE eest chef de file des investissements dans le secteur de la santé
Originalité du DSRP
Divers mécanismes de coordination des bailleurs de fonds et d’intégration avec les programmes gouvernementaux ont existé au Bénin avant le DSRP. Depuis 1992, des consultations sectorielles ont servi d’instruments de mobilisation des ressources extérieures. Suite à la réforme administrative intervenue en novembre 2000, le gouvernement a présenté ses orientations générales et programmes sectoriels, et appelé les différentes agences de coopération à choisir les secteurs privilégiés où elles investiraient. Mais les problèmes de coordination de l’aide restent endémiques. Ils se traduisent par le faible taux de consommation des crédits mobilisés (environ 30%), Cette tendance qui s’améliore relève de l'assouplissement des procédures complexes et spécifique par chaque bailleur.
Pour essayer d’y remédier, un projet tripartite entre le PNUD, la BOAD et le gouvernement, démarré en 2002, vise à augmenter les taux de consommation des crédits par le biais de l’amélioration des procédures d’attribution des marchés et d’acquisition des biens et services. .
Dans ce domaine, le Président Thomas Yayi Boni privilégiera la maîtrise des procédures à toutes autres activités d'initiation et de gestion de projet de développement.
On peut voir des efforts visant à promouvoir la coordination des bailleurs de fonds sur le terrain. Par exemple, le DP/GB (Développement participatif et bonne gouvernance) est un groupe de concertation initié par l’OCDE. Il est d’abord coordonné par la Coopération suisse, qui sert de forum informel de rencontre entre les principales agences de coopération basées à Cotonou. Ces décideurs économiques et financiers se réunissent une fois par mois et aborde une série de thèmes tels que la corruption, la réforme administrative, la décentralisation, le Dsrp et autres.

La coordination des agences des Nations Unies est assurée sur place par une équipe spéciale du PNUD et par un système de chefs de file dans différents secteurs. Le SNU est d’ailleurs en train d’harmoniser ses cycles de programmation et ses procédures, notamment à travers l’UNDAF.
Les Institutions de Bretton Woods maintiennent leur programmation glissante sur trois ans. Certaines agences mettent en œuvre des programmes communs ; on peut citer par exemple un programme d’aide à la décentralisation co-promu par les coopérations française et allemande, ou des collaborations entre assistants techniques issus de diverses agences au sein d’un même ministère.
Des mesures concrètes telles que des programmes, des évaluations et des missions conjoints, sont organisées entre bailleurs.